la tête dans l'ordi

Une journée les yeux rivés sur l'écran du computer... Même pas vu la journée qui passe. Le soleil qui progresse dans le ciel, les insectes qui virevoltent dans l'air tiède de cette après-midi de mars. Et nous, à devenir fou, enfermés dans un bloc de béton et d'électronique. Des millions de chiffres et de mots, d'idées à rassembler, à formuler. Pas une seconde pour mon amour. Officiellement du moins... en secret, je déconnecte ma cervelle des machines censées aider l'homme mais qui les aliènent plutôt. Je déconnecte. Et je te retrouve, loin de tout ça, du bruit, de l'agitation, du bitume de la ville. Je suis sur la terrasse balayée par le vent de la Carapa. La tête des arbres se balance, les bambous entre les voisins et nous, l'arbuste toxique aux colibris. La lumière matinale irradiante. L'ombre portée de la table et des chaises sur le plancher grossier. A travers les nacos des portes sans serrures, le dessin symétrique imprimé par le soleil. L'escalier qui grimpe au milieu de la pièce vers le grand lit. La fenêtre ouverte. Le ciel se grime d'ombres. Le bruit du ventilateur. Tu es peut-être allongé, des pages passionnantes entre les mains. Où es-tu mon amour? Dans quelle aventure? Quel siècle traverses-tu? Sur quel continent? Peut-être que tu as laissé tomber le livre sur tes cuisses et que tes pensées s'égarent... Peut-être qu'elles recréent mon image comme je recréé la tienne. Aucun élément concret. Juste des souvenirs, plein la tête. Et j'ai l'impression que je suis là, avec toi. Sept mille kilomètres vers le sud-ouest. Un oéean plus loin. Je suis si près de toi un instant. Tes caresses encore. Ton odeur et ta voix. Ton regard. Mon amour